Le D-Pinitol est un substrat insulogène car il engendre une stimulation prononcée de l'insuline. Nous allons essayer de comprendre a quoi sert cette substance et pourquoi est-elle utilisée dans les derniers compléments destinés aux sportifs ou athlètes ?

 

Avant de définir cette molécule il faut commencer par une brève introduction sur l'insuline.

La sécrétion d’insuline est contrôlée par différents substrats comme le glucose, les acides aminés et les acides gras. C’est l’augmentation des niveaux plasmatiques de ces substrats qui stimule la libération d’insuline. Certaines hormones peuvent aussi agir sur la libération d’insuline. Ainsi, le glucagon, l’adrénaline, l’hormone de croissance et les glucocorticoïdes, lesquels à l’opposé de l’insuline ont des actions hyperglycémiantes, réduisent la libération d’insuline. Bien qu’à l’origine on croyait que le rôle de l’insuline se limitait a celui de contrôler le métabolisme du glucose en contrôlant son entrée dans la cellule, il est vite apparu que l’insuline possédait un spectre d’action beaucoup plus vaste. En effet, l’insuline constitue à la fois une hormone anabolique, en stimulant les systèmes de transport et les enzymes impliquées dans l’utilisation et l’entreposage du glucose, des acides aminés et des acides gras, et une hormone anti-catabolique via les actions inhibitrices qu’elle exerce sur la gluconéogénèse, la glycogénolyse, la lipolyse et le catabolisme des protéines .

Ses actions sont principalement exercées au niveau des muscles squelettiques, du tissu adipeux et du foie. L’insuline exerce des fonctions sur la croissance cellulaire, le développement et le contrôle de l’apoptose et sur le métabolisme des protéines en augmentant leur synthèse et en inhibant la protéolyse. De plus, chez l’humain, l’insuline exerce une augmentation de l’activité du système nerveux sympathique causant une augmentation de la relâche de catécholamine et de norépinéphrine.

L’insuline présente une demi-vie d’environ 3 minutes et est sécrétée selon deux modes :

• l’un pulsatile : environ toutes les dix minutes et dont le but est de maintenir un taux basal d’insuline circulante 
• Et l'autre stimulé en réponse à un signal tel que la prise alimentaire. Ce deuxième mode de sécrétion est biphasique.

La sécrétion de l’insuline est donc étroitement contrôlée par différents facteurs, parmi lesquels :

• le glucose qui joue un rôle prépondérant.
• Les agonistes β-adrénergiques,
• Des peptides intestinaux à effet insulinotrope, 
• Le glucagon 
• Plusieurs acides aminés par exemple l’arginine, l’alanine et la glutamine. La leucine joue un rôle dans la régulation de la sécrétion d’insuline par les cellules β du pancréas.

Le D- Pinitol est un composé naturel trouvé dans certaines plantes et fruits, les arbres et les aliments, tels que le soja. Sa formule chimique est le 3-O-methyl-D-chiro-inositol. La meilleure source de D-pinitol est issue des enveloppes des gousses caroubier (Ceratonia siliqua L.). Le caroubier est résistant aux conditions environnementales défavorables et ne nécessite pas des traitements spéciaux et la présence de pesticides comme pour l'agriculture intensive. Le D-pinitol est un type de sucre que l’on trouve dans de nombreux légumes, classés parmi les chiro-inositols. Il a été montré qu’il diminue la production de cytokines inflammatoires comme les TNF-alpha ou les IL1- bêta. On a également suggéré que ce composant actif pourrait avoir son utilité dans le traitement de patients souffrant de cancer ou infectés par le VIH, bien que les preuves soient encore insuffisantes.

 

A quoi sert -il ?

Le pinitol, ses dérivés et ses métabolites sont utiles dans des compositions nutritionnelles et médicales.

• Pour baisser le niveau des acides gras libres dans le plasma
• Pour traiter des troubles associés à l'insulinorésistance, comme par exemple le diabète sucré et ses complications chroniques
• Prévenir l'obésité 
• Lutter contre 'athérosclérose provoquée par une hyperlipidémie ou a une dyslipidémie (concentration élevée de lipides ou lipoprotéines).
• Lutter contre l'hypertension et les maladies cardiovasculaires
• Prévenir et lutter contre l'atrophie et la cachexie( faiblesse , perte de poids atrophie musculaire), les septicémies (affection d'une germe dans tout le corps), les lésions associées avec les brûlures; la malnutrition et le stress ,le vieillissement. 
• Guérir les maladies endocriniennes notamment les maladies liées à l'insuline.
• Lutter contre les traumatismes sportifs.

Il s'avère que son utilité est très importante. L'utilisation du D-Pinitol est dans le but de stimuler efficacement l'insuline avec très peu de glucides. C'est donc un allié indispensable car il affecte l'absorption du glucose.

Comment agit -il ?

Le mécanisme en détail est encore à déterminer mais on sait déjà que le D-pinitol est un chiro-inositol. Or ce ce composé, obtenu dans l'organisme par hydrolyse des lipides de type GPI ( glycosylphosphatidylinositol ) de la membrane cellulaire, serait un médiateur de l'action de l'insuline. Il jouerait un rôle de messager secondaire dans la traduction du signal de l'insuline. C'est un rôle possible et potentiel de médiateur soluble de l'action de l'insuline.

Le D-pinitol ou D-chiro-inositol possède une activité insulino-mimétique et est donc efficace contre la résistance à l’insuline.

Les études ont mis en évidence le chiro-inositol dans les urines, le plasma et le tissu musculaire dans des cas d’insulino-résistance, tels le diabète de type 2, aussi bien dans des modèles animaux que chez l’homme. Chez l’homme, des travaux préliminaires sur des sujets souffrant d’intolérance au glucose confirment l’efficacité du chiro-inositol

L’étude la plus convaincante a porté sur 44 femmes atteintes du syndrome des ovaires polykystiques. L’administration de 1,2 g par jour de D-chiro-inositol ( ou D-pinitol) pendant 6 à 8 semaines a corrigé l’hyperinsulinémie, le profil lipidique, l’hyperandrogénie, l’hyperréactivité de la LH et la pression artérielle .

Ces résultats impressionnants ont ouvert la voie à des études plus larges qui touchent diverses situations d’insulino-résistance et qui pourraient soigner des pathologies similaires par le chiro-inositol ou d’autres analogues tels le D-pinitol.

Par conséquent si le D-Pinitol est utilisé de nos jours dans les compléments alimentaires de dernières générations çe n'est pas « le fruit du hasard ».
C'est grâce aux études médicales en particulier pour lutter contre le diabète que le D-pinitol a été ensuite utiliser et extrait. Le D-pinitol s'avère dépasser les limites du corps tout en restant dans un optique d'anabolisant naturel. Le seul fait d'avoir une perspective d'action similaire à l'insuline permet d'envisager de grands progrès en terme d'aides ergogéniques.
Ces aides ergogénqiues associées à d'autres substances sont des alliés de taille pour avoir des effets optimaux.

 

Une autre étude à fait son apparition sur l’absorption de la créatine avec la prise de D-Pinitol :

Un des facteurs jouant sur la captation de la créatine par les cellules musculaires est l’insuline. C'est pourquoi lors des recommandations de prise de créatine on conseille de coupler créatine et glucides pour provoquer un pic d'insuline et obtenir une meilleure absorption.

Mais attention l'absorption de la créatine est très complexe et la créatine ne pénètre pas uniquement grâce à l'insuline, d'autres facteurs peuvent jouer sur son absorption. La taurine, le D- ribose, par exemple, influencent la captation de la créatine par les cellules et après l’entraînement il y a une fenêtre très avantageuse et naturelle qui permet grâce aux hormones de croissances libérées de faire transporter plus efficacement la créatine vers les cellules musculaires. Cette fenêtre est due aussi à l'augmentation de la circulation sanguine.

L' étude en question a été réalisé à Université de l'Oklahoma, USA, par MM Kreider et Greenwood
Le but de cette étude était de savoir si le D-pinitol induisait un réel changement au niveau de la rétention de la créatine.
Vingt sujets masculins n'ayant pas d'antécédents de supplémentation en créatine ont été choisis.
La supplémentation s'est déroulée de cette manière:

• Placebo (P): 5 g de dextrose avec une capsule de 0,5 g d'amidon de maïs.
• Monohydrate de créatine (CM) :5 g de CM avec une capsule de 0,5 g d'amidon de maïs.
• Monohydrate de créatine avec une faible dose de D-Pinitol (LP): 5 g de CM avec des portions en alternance d'une capsule de 0,5 g d'amidon de maïs ou D-pinitol( 500 mg).
• Poudre de monohydrate de créatine avec une dose élevée de Pinitol (HP): 5grammes de CM avec une capsule de 0,5gramme de D-pinitol
• D-Pinitol pré-charge (Pré-P): 1 capsule de D-pinitol (0,5 g par portion soit 500mg) consommé deux fois / jour pendant 5 jours suivie par l'ingestion de 5 g de CM avec des portions en alternance d'une capsule de 0,5 g d'amidon de maïs ou D- pinitol.

Les sujets ont mélangé les suppléments en poudre avec de l'eau et ont ingérer les suppléments à 8h00, 12h00, 16h00 et 20 heures donc 4 fois par jour et pendant 3 jours

Le volume urinaire, la créatinine urinaire ainsi que la rétention de la créatine ont été mesurés voici les résultats:

L'excrétion de la créatinine est plus grande pour le groupe CM et les groupes utilisant une dose élevée de D-pinitol (HP) par rapport aux groupes prenant une faible dose de D-pinitol et du groupe pré-chargé.
La rétention de la créatine est plus significative pour les groupes pre-p et LP.

On peut donc en conclure que l'ajout de D-pinitol a permis une absorption plus massive de créatine monohydrate pour le groupe prenant de faibles doses de D-pinitol et le groupe pré-chargé. Le groupe pré-dosé a suivi le même schéma de supplémentation c'est pour cette raison que la créatine a été mieux captée par les cellules. Il semble qu'une pré- sensibilisation au D- pinitol n'a aucun effet .

Le D-Pinitol avec de la créatine induit une rétention environ 20% supérieur à une simple combinaison glucides et créatine.

 

Quels sont les avantages de cette étude sur la créatine ?

Les sportifs et pratiquant de musculation n’hésitent pas à prendre de grandes quantités de sucre après l-entraînement ou tout au long de la journée pour créer des pics insuline et faire entrer plus de nutriments anaboliques dans les cellules musculaires.
Par exemple on recommande encore de prendre 50 à 100grammes de dextrose ou autre glucides rapides pour faire entrer la créatine dans les cellules musculaires.
Cette idée ou cette ancienne école de captation musculaire par une grande quantité de sucre est très dangereuse et apporte plus d'effets secondaires que de réel gains significatifs.

Imaginez l'effet de 100 grammes de dextrose d'un seul coup sur l'hormone la plus puissante ? C'est trop, beaucoup trop ! Les conséquences d'une dose massive de glucides peut conduire à une insulino-resistance. Cela correspond à l'insensibilisation des récepteurs cellulaires à l'insuline.
Puis les conséquences d'une insulino-résistance sont une diminution de l’utilisation musculaire du glucose, l'obésité androïde, augmentation de la glycémie , accumulation de glucose dans la circulation sanguine pouvant conduire à un diabète de type 2....

La prise de protéines et acide aminés permet aussi de faire secréter de l'insuline. La whey prise par exemple en grande dose 40 ou 50 grammes augmente l'insuline même avec une petite quantités de glucides. La présence d'acide aminés type leucine permet de faire augmenter l'insuline et donc par conséquent de tirer les bénéfices de cette hormone.
La prise modérée de glucides ainsi qu'une dose convenable de protéine permet d'avoir des gains meilleurs par rapport à une prise de glucides trop élevée.
D'autres substances permettent de faire entrer dans les cellules des substrats anabolisants comme par exemple la créatine. Le D-pinitol fait donc partie des substrats qui ont cette propriété et c'est pourquoi il est considéré comme un substrat insulogène ou booster de transport insulogène.

 

Le pintiol peut servir comme un moyen d'augmenter la rétention de créatine sans avoir à ingérer de grandes quantités d'hydrates de carbone et / ou des glucides et des protéines.
Il permet d'augmenter, de maintenir et améliorer les effets de la créatine monohydrate.
Cependant, puisque le D-pinitol est une découverte relativement nouvelle, la dose optimale nécessaire pour renforcer les effets insulino-sensibilisateurs dans les humains est encore inconnue. Il vaut mieux ne pas dépasser 500 mg par exemple en 2 prises.
L'ingestion de quantités plus élevées (par exemple, 4 x 0,5 g / j) ne semble pas affecter la rétention de créatine comme nous l'avons vu. Des effets tels flatulence, diarrhée, douleurs abdominales ou des effets allergiques sont à prévoir si les doses sont élevées.
Dans certains pays les grands consommateurs de soja consomment généralement plus de 500 mg et n'ont pas d'effets secondaires néfastes.

Il vaut mieux coupler le D-pinitol avec d'autres substances ou matrices qui ont le même effet que de prendre de grandes doses qui seront inutiles.

Createston par exemple regroupe tout les composés possibles et adéquates agissant en synergie et permettant une régénération cellulaire maximale.
Pourtant lorsqu'on regarde l'étiquette on remarque une quantité de glucides de seulement 30 grammes par portion et son utilité reste essentiellement après l’entraînement donc pendant la fenêtre métabolique. Cette hypothèse va à l'encontre des dogmes reçues.

Comment seulement 30 grammes de glucides peut induire une stimulation assez forte de l'insuline en autre pour faire entrer les nutriments anabolisant dans la cellule musculaire?

Les derniers compléments ne reposent plus sur la quantité des produits qu'ils utilisent mais la qualité des substances utilisées avec les doses adéquates . L'ajout de BCAA matrices de transport tels D-pinitol , extrait de melon amer , de vitamines de minéraux de précurseurs, d'ATP , d'oxyde nitrique ...induisent obligatoirement une entrée massive de substrats dans le muscle sans pour autant apporter de grandes quantités de calories ou de glucides. L'environnement musculaire est obligé de se reconstruire sans pour autant remplir les adipocytes ou en créer des nouvelles. Par contre il ne faut pas diaboliser les glucides car sans ces molécules le métabolisme peut ralentir et entraîner la chutes brutal des hormones stéroïdiennes.

 

Sportivement

Hocine Sekkiou.

Source

• Ortmeyer H.K., Huang L.C., Zhang L., Hansen B.C., Larner J. 1993. Chiroinositol deficiency and insulin resistance. II. Acute effects of D-chiroinositol administration in streptozotocin-diabetic rats, normal rats given a glucose load, and spontaneously insulin-resistant rhesus monkeys.Endocrinology 132 : 646-651.
• Yoshino K., et al. 1999. Differential effects of troglitazone and D-chiroinositol on glucosamine-induced insulin resistance in vivo in rats metabolism 
• The view that D-pinitol can exert an insulin-like effect to improve glycaemic control in hypoinsulinaemic STZ-diabetic mice. D-pinitol may act via a post-receptor pathway of insulin-action affecting glucose uptake. British Journal of Pharmacology130 (2000) : 1944-8.
• Santé et sciences de l'exercice, Université de l'Oklahoma, Norman, Oklahoma, USA.
• Suzuki S.,et al. 1994. Urinary chiro-inositol excretion is an index marker of insulin sensitivity in Japanese type II diabetes. Diabetes Care 17: 1465-1468.
• Greenwood, M., et al., "D-Pinitol Augments Whole Body Creatine Retention in Man,"ASEP 4.4 (2001) : 41-7.
• Narayanan, C., "Pinitol — A New Anti-Diabetic Compound from the Leaves of Bougainvillea," Current Science 56.3 (1987) : 139-41.